Depuis que Rick & Morty a explosé le plafond de verre des séries d’animation adulte, il n’y a plus de sens à vouloir toujours faire plus. Cette quête du plus grand nombre de références, de l’épisode le plus méta, du plus grand nombre de gags à la seconde semble s’être calmée, faute de challenger. Et cela n’est pas plus mal. Inside Job est un bon exemple qu’on peut faire quelque chose de plutôt bon dans ce domaine en visant moins haut, mais en visant juste. Le terrain de chasse de sa créatrice Shion Takeuchi est le conspirationnisme : Toutes ces théories complotistes qui ont fait le beau jour des X Files, mais sont devenus bien trop encombrantes, au point de menacer la démocratie. A une époque où le complotisme est devenu grave et dangereux, Inside Job a décidé de le rendre de nouveau drôle, futile, voire ridicule. Ainsi est née Cognito Inc. , une société créée pour rendre dans l’ombre des services aux Etats, dissimuler la vérité, et qui travaille accessoirement pour de mystérieux hommes en toge. Le but de Reagan, bourreau de travail et véritable génie, est d’arriver à la tête de l’entreprise qu’a créé son père. Mais alors qu’elle est nommée à la tête de son service, son boss J.R lui adjoint un homme qu’il a rencontré la veille, Brett, un yes-man qui a un meilleur feeling avec ses équipes. En effet, Reagan n’est pas la meilleure sur les relations humaines, et nous découvrirons au fil des épisodes que son enfance dans une famille très dysfonctionnelle n’y est pas pour rien.
Inside Job raconte le quotidien de Reagan, Brett et de leur équipe : Dr André, ancien nerd devenu le plus grand toxico de la boîte, Gigi Thompson, grande reine du truquage des médias qui rêve de travailler pour les illuminati, Glenn Dolphman, caricature de l’ancien GI républicain qu’une opération a fusionné avec un dauphin et Magic Myc, champignon venu du centre de la Terre qui sécrète une substance bien pratique qui permet de faire oublier les choses. Une équipe de bras cassée venue de tous horizons qui n’est pas sans rappeler les employés du Planet Express de Futurama. La tentation du rapprochement est d’autant plus forte que Brett rappelle beaucoup Fry dans son attitude et sa naïveté touchante, que John DiMaggio – voix de Bender – est la voix de Glenn Dolphman, et que l’humour est assez proche de celui du chef d’oeuvre de Matt Groening. Pas étonnant, la showrunneuse a travaillé sur Disenchantment, la dernière série du père des Simpsons. Bien sûr, nous sommes à quelques coudées au dessous de Futurama, mais Inside Job réussit à exister sur son créneau. Le challenge de donner un peu de sympathie pour ce petit groupe est rempli sur la première saison. La petite touche qui relève un peu la sauce est le père de Reagan Rand Ridley, incarné avec conviction par Christian Slater, d’abord présenté comme la victime de l’entreprise, mais qui se révèle peu à peu d’une toxicité à toute épreuve. On ajoute le robot de Reagan, qui était sensé remplacer le président des Etats-Unis, mais projette de détruire la planète. Il est du coup remisé au sous-sol et emprisonné tel Hannibal Lecter, mais intègre peu à peu l’équipe.
La saison 2 monte d’un cran avec assurance et développe un peu le petit monde qui a été créé en nous introduisant les grandes familles qui contrôlent notre planète (les stars d’Hollywood, Oprah, Jay-Z et Beyoncé ne sont jamais loin). Sion Takeushi prend plaisir à nous ressortir des références barrées des années 90 qu’on pensait avoir oublié (Le chien Airbud, le film Shazaam avec Shaquille O’Neal…). Regan se lie avec un employé des Illuminati tandis que Cognito Inc. change de main. Les recettes servies sont bien connues, mais on ne peut s’empêcher de sourire. Le pari de s’amuser du déclin du monde avec des faiseurs de conspiration n’était pourtant pas gagné d’avance.
Créatrice / Showrunner : Shion Takeuchi
Scénario : Alisha Brophy, Adam Lederer, Scott Miles, Chase Mitchell, Burke Scurfield, Alex Hirsch, Shion Takeuchi, Daniel Kibblesmith, Aaron Burdette, Devon Kelly, Evan Waite, Michael Dow
Réalisation : Vitalyi Strokous, David Ochs, Pete Michels, Mike Bertino, Mollie Helms, Mike Hollingsworth
Montage : Matthew Pumphret, Molly Yahr
Musique : Ryan Elder, Steve Reidell
Direction Artistique : Jeffrey Thompson, Megan Harries
Casting : Linda Lamontagne, Tyler Chapman
Production : Michael Dow, Devon Kelly, Jennilee Murray, Shion Takeuchi, Alex Hirsch, Mike Hollingsworth, Bianca Margiotta, Chantal Hennessey, Phil Lafrance, Jamie LeClaire, Kyle MacDougall, Henry Nasserbahkt
Pays : USA
Durée : 16 x 30 mn
Diffusée sur Netflix. Saison 1 et saison 2 disponibles.
Acteurs Principaux : Lizzy Kaplan, Christian Slater, Clark Duke, Tisha Campbell, Andy Daly, Chris Diamantopoulos, John DiMaggio, Bobby Lee, Brett Gellman, Shion Takeuchi, Suzy Nakamura, Adam Scott
Genre : Animation adulte, comédie
Note : 7/10
La Revanche du Film 
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