2022 – Le retour du bleu

23 octobre 2022. Les téléspectateurs anglais de Doctor Who assistaient à une régénération pour le moins inhabituelle. Pour ceux qui ne connaissent pas (et qui feraient bien de rattraper les 39 saisons existantes), le Docteur est un seigneur du temps qui voyage dans le temps et l’espace et qui a la particularité de survivre en se régénérant en une personne différente. Chaque nouvelle peau apporte son lot de nouveautés pour faire évoluer le show, l’adapter aux nouveaux publics. Ainsi il / elle traverse le temps depuis des décennies. Mais le 23 octobre dernier, la treizième Docteure s’est régénérée en David Tennant. Dixième Docteur de la création, l’acteur avait quitté le show au nouvel an 2010 avec le showrunner Russell T.Davies, le même qui vient de rempiler et de nous faire cette petite surprise. Derrière ce bug de régénération il y’a une carte joker pour la  série qui abordait les festivités de ses soixante ans dans l’indifférence presque générale. Il fallait revenir en 2009 pour qu’il y’ait des gens à la fête.

Les salles de cinéma avait visiblement besoin du même voyage temporel. Vivre une projection d’Avatar 2, la Voie de l’Eau en décembre 2022, c’était comme vivre une projection d’Avatar en décembre 2009, à un Miles Quarritch bleu et quelques ados Na’vis près. Le second opus a beau être calqué sur le premier, il offre un spectacle immersif qui vaut la peine de se déplacer en salles. A 68 ans, James Cameron est une nouvelle fois (ça en devient lassant…) venu à la rescousse du cinéma en emmagasinant  plus de 6,7 millions d’entrées en France en à peine 15 jours d’exploitation. On avoisine les 7,38 millions de ce mois de septembre. Difficile d’oublier le battage autour ce « septembre noir » qui avait enregistré les pires scores de fréquentation en période hors COVID, prophétisant la mort des salles obscures au profit des plateformes. Pourtant le mois suivant, nous étions remontés à 14,26 millions. Et maintenant, Avatar 2 pète la baraque en pleine période d’inflation, de crise globale et les plateformes ne s’en portent pas plus mal.

Faut-il en déduire qu’il y’a de la place pour tout le monde et que les français se déplacent en salle en fonction de ce qui leur est proposé et des conditions dans lesquelles ils peuvent le voir ? Il faudrait, il est vrai, baisser le prix du billet de ce loisir non essentiel, parceque même avec le Dolby, plus de 20 euros…encore quelques années et on égale les spectacles de l’Opéra Royal.

Le second grand vainqueur de 2022 est Top Gun Maverick, qui est resté invaincu à la première place du podium de l’année pendant sept mois, en attendant le retour des Na’Vis. La recette du succès pour Joseph Kosinski est à peu de choses près celle du premier Top Gun, sauf qu’on remplace les vieux par des jeunes et Berlin par Lady Gaga. On recycle la roue, mais cela fonctionne bien mieux que tout ce qui a été proposé à côté cette année, parceque narrativement simple et immersif, et surtout dépaysant.

Malgré un bon début, 2022 n’était pas une année qui a donné envie de se déplacer au cinéma, et il faut peut-être chercher la désertion des salles. Le cinéma français a été plus que jamais présent, certains multiplexes en faisant plus du trois quart de leur programmation, mais contrairement à l’an dernier, on a bien du mal à retenir des titres qui sortent du lot. Le cinéma américain mainstream n’a pas vendu plus de rêve. Les bonnes surprises sont avant tout asiatiques et européennes, avec une attention particulière à la Corée du Sud qui n’a plus réellement de challenger sur les blockbusters efficaces. On pouvait pourtant faire de belles découvertes dans les cinés parisiens, dont la plus flamboyante est Kinuyo Tanaka. Quarante-cinq ans après sa mort, la réalisatrice japonaise a trusté les cinémas de la capitale pendant plusieurs mois. Ses films sont désormais diffusés sur les chaînes ciné+ et disponibles en bluRay. Il ne faut pas les louper. 2022, c’était aussi le centenaire du Nosferatu de W.F Murnau, l’occasion de quelques évènements et ciné-concerts tout au long de l’année, mais aussi d’une rétrospective très intéressante sur le réalisateur à la cinémathèque française. Un superbe coffret vous fait aussi les yeux doux chez l’éditeur Potemkine.

2022 c’est une grande année côté séries, qui nous a bien vengé des vaches maigres de 2021. Et c’est avant tout l’année du final en deux parties de Better Call Saul, qui a fait les beaux jours de feu le twitter de La Revanche du Film (qui s’est mystérieusement auto-détruit à l’arrivée d’Elon Musk). S’il y’avait une photo pour cette année, ce serait ses deux créateurs devant la statue de Walter White et Jesse Pinkman à Albuquerque. Pour saluer le tour de force, la Revanche du Film a remplacé sa bannière par un des plans les plus marquants de cette ultime saison. Merci Peter Gould, Vince Gilligan, Bob Odenkirk, Rhea Seehorn et toute l’équipe du Breaking Bad Verse pour avoir rappelé ce qu’était de la grande télévision. Et merci à vous d’avoir fait de l’article sur la deuxième partie de cette saison 6 l’un des plus lus de cette année. A côté de Saul Goodman/ Jimmy McGill, il y’a eu des valeurs sûres (What we do in the shadows, South Park, Archer, Evil…) et de belles surprises. La longue saison 4 de Stranger Things en est une, avec ce sauvetage de la jeune Max par Kate Bush qui reste un des moments télévisuels les plus forts de cette année 2022. Dans les nouveaux venus à suivre, Severance, The Peacemaker, Yellowjackets, Reservation Dogs, From (…), et ce ne sont que celles abordées sur le site. L’Histoire des séries tévés reste un puits sans fond de découvertes. Et nous avons déterré cette année deux poids lourds magnifiques qui ont modelé les séries modernes : Hill Street Blues et St Elsewhere. Si vous pouvez les dégotter quelque part (pas en France), n’hésitez pas à y mettre le prix.

2022, c’est 105 articles sur la Revanche du Film, soit un peu moins que l’an dernier, mais vous êtes plus de 10800 à être venu explorer ces pages. C’est plus de deux fois plus que l’an dernier. J’espère que vous avez trouvé ici ce que vous cherchiez (si ce n’était pas où streamer le dernier South Park) et que cette année 2022 a été pour vous une année de découvertes. La Revanche du Film vous souhaite une belle et bien plus cinématographique année 2023. Et un bon réveil(lon) en costume bleu.

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