Réalisation : Alvaro Brechner
Scénario : Alvaro Brechner d’après Memorias del calabozo de Mauricio Rosencof et Eleuterio Fernàndez Huidobro
Directeur Photo : Carlos Catalàn
Monteurs: Irene Blecua & Nacho Ruiz Capillas
Bande Originale : Frederico Jusic & Silvia Perez Cruz
Son : Martin Touron
Directeurs artistiques : Daniela Calcagno & Laura Musso
Chefs décorateurs : Paula de Granvar & Palomares-Martinez
Durée : 2h02
Pays : Uruguay
Sortie le 27 mars 2019

Production : Alcaravan, Haddock Films, Hernandez y fernandez Producciones, Cinematograficas, Manny Films, Mondex&Cie, Movistar+, Salado Media, Tornasol Films et ZDF/Arte
Budget : Inconnu
Genre : Drame Carcéral Historique
Acteurs Principaux : Antonio de la Torre, Chino Darin, Alfonso Tort, Cesar Troncoso, Mirella Pascual
Note : 7/10
En 1973, la dictature militaire prend le pouvoir en Uruguay. Ses opposants sont emprisonnés. Considérés comme des otages par le pouvoir en place, Eleuterio Fernandez Huidobro (futur sénateur), Mauricio Rosencof (écrivain) et Jose ‘Pepe’ Mujica (élu président de l’Uruguay en 2010) sont isolés et torturés pendant douze ans. Compañeros donne à vivre ces douze années plus qu’il ne les raconte. Il est peu de dire que le réalisateur Alvaro Brechner passe un contrat avec le spectateur en l’immergeant dès les premières images et sur toute la première partie du film dans une succession de scènes dégradantes et brutes. Loin de la complaisance du torture porn, ce parti pris permet de ressentir la négation de l’humanité des trois otages. Mais il enjoint également de s’accrocher si l’on veut dépasser cette description clinique pour en savoir plus sur les personnages impliqués. Peu à peu, au travers de flashbacks, nous en découvrons un peu plus sur les protagonistes, sur leurs activités de l’ombre, sur leur famille, mais ces considérations passeront toujours après la véritable démonstration du film, la nécessité d’une résilience nécessaire pour survivre à cette horreur. Les difficultés de Jose Mujica à garder sa santé mentale sont d’ailleurs décrites en évitant toute complaisance, de l’intérieur, et dans un riche travail sur le son et la représentation des images.
On peut être rebuté par la sécheresse du film, mais elle balance avec la sortie finale, progressive, éclatante dans un climax plein de lumière, baigné par une relecture habitée de ‘The Sound of Silence’ de Simon & Garfunkel . Une fois n’est pas coutume, le titre original la noche de doce años, conservé pour l’exploitation anglaise (A twelve-year night), traduit à lui seul ce sentiment de soulagement de voir revenir pour de bon – et durablement – à la lumière ces trois hommes qui ont été exclu du monde une grande partie des années 70 et 80. Le pari du réalisateur est donc gagné, autant dans la démonstration de ce dont n’importe quel homme est capable de plus abject, en se cachant derrière un régime, que dans ce petit message d’espoir qu’aucune époque noire ne dure toujours.