Réalisation : Dominic Cooke
Scénario : Tom O’Connor
Directeur de la Photographie : Sean Bobbitt
Montage : Gareth C.Scales, Tariq Anwar
Musique : Abel Korzeniowski
Cheffe décoratrice : Suzie Davies
Directeurs Artistiques : Kevin Woohouse, Jan Kalous, Daniel Kerns
Production : Adam Ackland, Rory Aitken, Ben Pugh, Ben Browning
Pays : USA, Royaume-Uni
Durée : 1h52
Sortie en salles le 23 juin 2021

Acteurs Principaux : Benedict Cumberbatch, Merab Ninidze, Rachel Brosnahan, Jessie Buckley, Angus Wright, James Schofield, Anton Lesser, Vladimir Chuprikov
Genre : Espionnage, Historique
Note : 7/10
Evacuons d’entrée de jeu l’argument comme quoi Benedict Cumberbatch offre une performance magistrale dans cet espion ordinaire. Il ne veut plus dire grand chose tant l’acteur vole la vedette à tous ceux qui lui ont donné la réplique depuis qu’il a posé les pieds dans Sherlock. La surprise vient plutôt de Merab Ninidze, acteur géorgien remarqué dans La lune de Jupiter de Kornél Mundruczó, qui parvient à lui tenir la dragée haute dans un jeu sobre et tout en retenue. Il y’incarne le colonel soviétique Oleg Pentrovsky, qui fut un des principaux atouts de la CIA et du MI6 lors de la période critique de la crise des missiles, sous les mandats de JFK et de Nikita Krouchtchev. Le bloc de l’Ouest eut l’idée de dépêcher un représentant de commerce lambda, Gréville Wynne (incarné par Cumberbatch) pour prendre contact avec le dignitaire et glaner des informations qui comptèrent pour l’instauration de « la Détente » des relations entre les deux puissances.
Un espion ordinaire est très scolaire et appliqué dans la description des liens qui se tissent entre l’espion de l’Ouest et le « repenti »soviétique. Il tient une ligne classique entre l’hommage au film d’espionnage old school, de belle tenue formelle et la tentation de faire passer la relation humaine au premier plan. C’est cette deuxième tendance qui l’emporte, mais dans une veine pudique qui rejoindrait plus les récits de John le Carré que les envolées lyriques du remarquable The Spy Gone North, autre film d’espionnage (sud-coréen) traitant d’amitiés contre-natures dans un contexte politique tendu. Le film de Dominic Cooke pâtit un peu de la naïveté qui le traverse, et de certaines images qui savent étonnamment renvoyer au paradis que pouvait représenter la liberté de l’Ouest pour un homme soumis à un régime autoritaire et austère. Mais on ne saurait mettre cette naïveté à son débit car elle fait aussi son charme.
Le réalisateur parvient très bien à immerger dans l’urgence du moment, une période un peu dingue où la fin du monde était toujours imminente. Et il parvient aussi à étonner lorsqu’il nous prend de revers en pleine montée, renvoyant à la réalité de ce qu’était le KGB à l’époque : quelque chose avec lequel il valait mieux ne pas déconner. En somme, un film qui fait très bien son boulot, et qui mérite le détour. Outre les deux acteurs principaux, on y retrouvera avec plaisir Jessie Buckley qui illumina la saison 4 de Fargo et le dernier film de Charlie Kaufman, I’m thinking of Ending Things.
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