Benedetta

Réalisation : Paul Verhoeven

Scénario : Paul Verhoeven & David Birke, d’après l’oeuvre de Judith C. Brown

Directrice de la Photographie : Jeanne Lapoirie

Montage : Job ter Burg

Musique : Anne Dudley

Cheffe Décoratrice : Katya Wyszkop

Directeur artistique : Eric Bourges

Assistant Réalisateur : Brieuc Vanderswalm

Pays : France

Durée : 2h06

Sortie en salles le 9 juillet 2021. Sortie DVD/BluRay/4K le 17 novembre 2021

Production : Saïd ben Saïd, Michel Merkt, Jérôme Seydoux

Acteurs Principaux : Virginie Efira, Charlotte Rampling, Daphné Patakia, Olivier Rabourdin, Hervé Pierre, Lambert Wilson, Clothilde Courau, Louise Chevillote

Genre : Drame historique

Note : 8,5/10

Benedetta Carlini (Virginie Efira) est arrivée très jeune au couvent de Pescia et sa capacité à créer des miracles a vite été remarquée. Sa foi sans limites lui fait peu à peu s’imaginer comme l’épouse du Christ, et la distingue des autres soeurs. L’arrivée dans sa vie de la jeune Bartholomea, fille du peuple qu’elle a sauvé d’un père incestueux, va faire l’effet d’une révélation. Alors qu’elle peine à refouler son attirance envers Bartholomea, Benedetta est victime de crises répétées et se réveille un matin avec les stigmates du Christ. L’Eglise décide de saisir l’aubaine pour asseoir la renommée du couvent, malgré les doutes de l’abbesse (Charlotte Rampling) et de sa fille sur la réalité du martyr de la jeune nonne.

Cela fait quinze ans que Paul Verhoeven s’est rapatrié dans son Europe natale, et on peut dire qu’il vieillit bien, du haut de ces 82 printemps. Les chaînes et pontes de la production locaux qui avaient misé sur lui avec Elle ne s’étaient pas trompés. Mais le film qui mettait en scène Isabelle Huppert était du Verhoeven plutôt sage. Benedetta est du vrai Verhoeven, violent, amoral et qui qui n’a pas peur de montrer, dans la lignée de ses premières oeuvres néerlandaises et de la Chair et le Sang. La parenté avec ce dernier est d’autant plus évidente qu’il n’y a qu’un siècle entre les événements de la Chair et le Sang et les événements de Benedetta, et qu’il est ici aussi question de la propagation de la peste, cette fois en Italie, au XVIIe. Benedetta est l’occasion pour le réalisateur de poser ses grosses pattes dans une Renaissance qui conserve encore les oripeaux du Moyen Age, de retrouver la saleté, la vulgarité, les corps pourissants, l’odeur de souffre et la veulerie, qui n’ont ici que le vernis de l’Eglise pour se dissimuler.

Benedetta est moins un film à charge contre l’Eglise catholique qu’une illustration, à partir de cet exemple, de la force du pouvoir et de l’influence. A l’époque où l’Eglise était toute puissante, les hommes du clergé se réclamaient de la parole de Dieu pour asseoir leur pouvoir, et Benedetta est parvenue à les surpasser en devenant une sorte de trait d’union avec le divin, à quelques pas au-dessus d’eux. Le réalisateur avait par le passé poussé des femmes fortes à ce frotter à des systèmes toxiques, principalement dirigés par des hommes, et il n’en a jamais pour autant fait des anges. La Benedetta Carlini de son film est peut-être moins arriviste que la Nomi Malone de Showgirls, mais elles ont l’ambition et le caractère comme point commun. Lorsque le film laisse des zones d’ombre sur la possibilité d’un miracle et la sainteté de la religieuse (ce sens du mystère assoit l’immersion dans cet univers de superstition), il laisse à l’intelligence du spectateur le soin de les combler grâce à des indices qui révèlent le sens de l’observation et l’intelligence de son personnage titre. C’est la première scène dans le couvent qui est la clé de lecture du film. Lorsqu’une nonne dit à Benedetta qu’elle est un fille intelligente, et que son intelligence causera des torts, et pas seulement aux autres. C’est un mélange atypique de foi aveugle et de perspicacité qui lui permet de jouer avec les règles tout en restant terriblement convaincante face à ceux qui veulent la dévoiler.

Verhoeven axe toute la première partie sur le ressenti de Benedetta (des visions qui peuvent attester de sa folie et de son exaltation), puis il fait glisser progressivement le point de vue. On ne sait alors plus quand elle est sincère, et c’est dans cette zone d’ombre que le réalisateur s’éclate. Face à ce bloc qui ne vascille que très peu, on voit l’édifice se fissurer, à mesure que les officiels tombent et qu’ils acceptent, parfois en dernière volonté, de se soumettre à sa volonté, l’ivresse du pouvoir grandit en elle. Dans un univers qui a fait de la moralité son credo, Benedetta ne montre que des êtres de chair, marionnettes aveuglées par leur Dieu ou Hommes de pouvoir esclaves de l’influence qu’ils exercent. C’est peu dire que Paulo est encore en forme.

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