Réalisation : John Sayles
Scénario : John Sayles
Directeur de la Photographie : Mauricio Rubinstein
Montage : John Sayles
Musique : Mason Daring
Chef Décorateur : Felipe Fernandez del Paso
Production : Caroline Kaplan, Melissa Marr, Jonathan Sehring, Alejandro Springall, Lemore Syvan
Pays : Mexique, USA
Durée : 1h35
Inédit en France. Sortie aux USA le 21 septembre 2003

Acteurs Principaux : Daryl Hannah, Mary Steenburgen, Maggie Gyllenhaal, Marcia Gay Harden, Susan Lynch, Lili Taylor, Vanessa Martinez, Bruno Bichir
Genre : Chronique
Note : 6,5/10
Cinq ans après Men with Guns, John Sayles retourne au Mexique avec un casting presque intégralement féminin, aussi prestigieux qu’hétéroclite : Ses habituées Mary Steenburgen (Sunshine State) et Susan Lynch (Le secret de Roan Inish), l’égérie du cinéma indépendant Lili Taylor, une Darryl Hannah qui n’a pas encore rencontré Tarantino (Sayles la retrouvera dans Silver City), la solide Marcia Gay Harden (Miller’s Crossing) et une toute jeune Maggie Gyllenhaal que Donnie Darko vient de révéler. Elles incarnent six femmes américaines en séjour dans un pays d’Amérique du Sud – on ne saura jamais lequel – pour atteindre la durée de résidence qui leur permettra d’adopter les bébés abandonnés par les locaux. John Sayles capte essentiellement leurs échanges, tel un documentariste et il les montre parfois dans leur intimité, entrecoupant le film de montages musicaux qui le font respirer. Ces portraits croisés permettent au réalisateur d’explorer pour la première fois la dynamique d’un groupe de femmes, qu’il décrit comme très différente de celle des hommes. Grâce à des actrices impeccables de naturel qui ont visiblement tissé des liens durant ce tournage, il parvient à faire exister chacune de ces femmes, à l’intérieur du groupe et dans leur intimité.
Ce focus permet aussi de prendre un certain recul sur son sujet : Un marché aux bébés au bénéfice des américains, organisé à la vue de tous qui est considéré pour beaucoup d’autochtones comme une marque de l’impérialisme américain. Il ne manque pas de s’attarder sur l’équipe de l’hôtel qui vit de ce commerce, de la tenancière aux femmes de ménages. l’une d’entre elles, Asunción (interprétée par Vanessa Martinez, Noelle dans Limbo), retient particulièrement son attention car elle a du abandonner son bébé à des américains quelques années plus tôt. Lors d’une scène clé du film, elle raconte son histoire dramatique au personnage de Susan Lynch, qui n’en comprend pas un mot – vu qu’elle ne parle pas espagnol. La barrière de la langue n’est pas la seule chose qui sépare ces deux mondes, mais cela n’empêche pas certains autochtones d’espérer traverser la frontière comme ces bébés. C’est le cas d’un jeune guide, qui espère plus que tout voir Philadelphie, mais dont la pauvreté semble le condamner à rester dans son pays. Casa de los babys est agréable à suivre, mais il semble anecdotique par rapport aux films précédents de John Sayles. Il y’a le sentiment que la perspective documentaire adoptée empêche le film d’avoir les axes dramatiques nécessaires pour le faire décoller. Aussi reste t’on un peu sur notre faim, lorsque la conclusion attendue pointe le bout de son nez.
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