Silver City

Réalisation : John Sayles

Scénario : John Sayles

Directeur de la Photographie : Haskell Wexler

Montage : John Sayles

Musique : Mason Daring

Chef Décorateur : Toby Corbett

Réalisateur seconde équipe: Sandy MacLeod

Production : Suzanne Ceresko, Robert Lansing Parker, Maggie Renzie, Sam Tedesco

Pays : USA

Durée : 2h08

Sortie en France le 11 janvier 2005 (DVD). Aux USA le 24 septembre 2004

Acteurs Principaux : Danny Huston, Chris Cooper, Richard Dreyfuss, Maria Bello, Kris Kristofferson, Daryl Hannah, Tim Roth, Billy Zane, Miguel Ferrer, Thora Birch, Mary Kay Place, James Gammon, David Clennon, Sal Lopez, Alma Delfina, Michael Murphy

Genre : Satire politique, Néo-noir, Drame

Note : 7,5/10

Richard « Dicky » Pilager, héritier d’une dynastie puissante politiquement, fait campagne pour devenir gouverneur du Colorado. Alors qu’il tourne un spot de campagne près d’un lac, Pilager pêche le corps d’un homme. Le directeur de campagne Chck Raver engage Danny O’Brien, journaliste déchu devenu enquêteur privé. O’Brien est chargé d’explorer la piste d’un lien entre le corps et les adversaires politiques de Pilager, et d’intimider ces derniers au passage. Mais la bosse de journaliste du privé lui fait prendre son enquête bien plus à coeur qu’il ne devrait. Il se rend vite compte que l’entourage de Pilager conspire avec des promoteurs immobiliers et des sociétés minières pour dissimuler d’importants problèmes environnementaux. Parallèlement, il découvre l’existence d’un vaste réseau de travailleurs immigrants, dont le corps repêché par Pilager faisait partie.

Ha le début des années 2000, lorsque l’arrivée au pouvoir d’un benêt comme George W. Bush avait encore le don de nous laisser dubitatif et critique. Nous étions loin d’imaginer ce qui nous attendrait par la suite. Rattrapées par la réalité et un jeu politique qui (au même titre que les médias, et les électeurs) a remisé la honte au placard, les satires politiques ne font plus vraiment le poids, à moins d’être particulièrement documentées et très travaillées sur la forme, comme celles d’Adam McKay. Silver City ne boxe pas dans la même catégorie que The Big Short ou Vice, et formellement, il n’a aucune volonté de concourir avec les comédies de son époque, qui usaient déjà d’un montage survitaminé et d’effets en tous genre. Mais ce n’est pas vraiment un problème pour la postérité de ce quinzième film de John Sayles, car la satire n’ y’ est que la partie visible de l’iceberg. Le simili « Doubleyou » incarné par Chris Cooper est confondant de ressemblance dans son comportement et sa gestuelle, et il provoque un rire à chacune de ses apparitions. Les cartons qui dévoilant ses slogans vides ponctuent le film et ses apparitions médiatiques disséminées habilement prolongent l’élément comique. Sayles fait aussi preuve d’habileté en observant les cercles de l’équipe de campagne, des lobbyistes et des journalistes complices qui entourent le futur gouverneur du Colorado, un joyeux monde qui n’a besoin de personne pour se malmener…

Mais devant la satire, il y’a le costume du néo-noir que le scénariste/réalisateur/monteur arbore fièrement. Il en maîtrise si bien les codes qu’il les fond dans son cinéma avec une aisance désarmante. Le détective un peu loser ne se voit lui-même pas vraiment comme un privé, car s’il a perdu sa carte pour avoir parlé trop vite dans le passé, il a encore l’âme d’un journaliste. John Sayles lui ajoute une histoire avec une journaliste du gotha, et une tendance à traîner du pied, soutenue par un Danny Huston attachant qui use de son charme sans en avoir l’air. Il met aussi sur son chemin des personnages pittoresques, la palme étant gagnée par celui de Daryl Hannah, soeur de Dick Pilager. Mais c’est le choix de ses acolytes qui l’accompagneront durant cet enquête, qui en fait un privé comme nulle autre pareil, et visiblement un alter ego de John Sayles. Le journaliste déchu partage le costume du détective avec des travailleurs, qui joueront tous un rôle dans la découverte de la mascarade.

Et devant le néo-noir, il y’a le drame. La gravité s’invite à la table plus qu’elle ne devrait dans Silver City et elle occupe sur la fin, presque la totalité du terrain. La vérité est aussi absurde qu’un polar né de l’imagination de James Ellroy, mais elle demeure à jamais enfouie sous une montagne de justifications. L’homme à peu près digne qui voudra la hurler sera condamné à être le loser de l’histoire et il ne pourra pas stopper le désastre écologique qui s’annonce (comme l’annonce le sinistre plan final). Tout au plus pourra t’il apaiser un peu la douleur des victimes. Silver City est un très bon exemple de la difficulté à ranger les films de John Sayles dans une ou deux catégories, car il est à la fois une comédie qui soigne son timing, un néo-noir original, une satire rentre-dedans, un drame social concerné et une tragédie humaine, et il réalise ce grand écart sans aucune prétention formelle.

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