Réalisation : Michael Bay
Scénario : Chris Fedak, d’après le film « Ambulancen » de Laurits Munch-Petersen & Lars Andreas Pedersen
Directeur de la Photographie : Roberto De Angelis
Montage : Doug Brandt, Pietro Scalia, Calvin Wimmer
Musique : Lorne Balfe
Cheffe Décoratrice : Karen Frick
Direction Artistique : Jace Ford
Production : Michael Bay, Ian Bryce, Rene Ezra, Bradley J. Fisher, Laeta Kalogridis, Michael Kase, Mark Moran, Tracey Nyberg, William Sherak, James Vanderbilt
Pays : USA
Durée : 2h16
Sortie en salles le 23 mars 2022

Acteurs Principaux : Jake Gyllenhaal, Yahia Abdul-Mateen, Eiza Gonzalez, Garret Dillahunt, Keir O’Donnell, Jackson White, Cedric Sanders, A.Martinez, Amy Sharp
Genre : Action
Note : 7/10
Los Angeles. Will Sharp doit réunir 231 000 $ pour un traîtement expérimental qui pourrait guérir le cancer de sa femme. En dernier recours, il demande à son frère Danny de l’aider. Celui-ci lui propose de l’accompagner au braquage de la banque fédérale, avec 32 millions de dollars à la clé. Malheureusement, un policier a décidé le jour même de faire sa déclaration à une employée de la banque. Il pénètre dans les lieux en plein braquage et les choses dégénèrent. Will tire sur le flic. Pour s’enfuir, les frères volent l’ ambulance qui transporte le flic mourant, embarquant l’ambulancière Cam Thompson pour une course poursuite explosive à travers Los Angeles. Avec Michael Bay à la barre, on peut souligner cinq fois le mot explosif. Ambulance ne dépare pas dans la filmo du réalisateur américain connu pour avoir régulièrement explosé le thermomètre du mauvais goût : Bad Boys 2, la série des Transformers, Armageddon, No Pain, No Gain. Autant de titres qui rappellent à nos mémoires des personnages de bourrins caractérisés à la truelle, des mouvements de caméra ubuesques, de la barbaque saignante, du tape à l’oeil et de la frime à en perdre ses repères. Ces ingrédients sont bien présents dans Ambulance, à une fréquence à peine édulcorée pour être acceptable par le public de 2022. Pas de Megan Fox avachie sur une moto, mais une ambulancière qui dépense un gros budget maquillage et sort tout droit d’une agence de mannequins. Au milieu d’elle, un casting de gros durs, certes diversifié et tuné « nouvelle génération » (les bad guys ont un grand coeur), mais qui bourine à la testostérone. Bay en profite pour citer ses films texto dans les dialogues, comme un bon gros beauf tout fier de lui. Et pourtant, Ambulance est un bon film, peut-être bien – avec le dernier Kingsman – le meilleur blockbuster de ces derniers mois.
Bay et son scénariste Chris Fedak pressent le jus du film danois Ambulancen (sorti en 2005) pour en tirer un concentré Bayien, et un spectacle qui ne connaît pas de temps morts. Les personnages et les enjeux sont bien introduits, et sans difficultés tant ils sont basiques, mais aucun de ces enjeux n’est abandonné en cours de route : La résolution du problème de Will (même si on doute vite qu’il puisse s’en sortir) , la survie du flic (peu importe si des dizaines d’autres sont tués dans la poursuite), la survie de l’ambulancière Cam. Bille en tête, le réalisateur offre des séquences d’action généreuses et il n’évite jamais d’en faire trop, la meilleure du film étant une intervention chirurgicale opérée par une secouriste qui n’en a jamais fait avec des chirurgiens en visio et l’ambulance qui file à toute allure. Et elle fait bien monter l’adrénaline, contre toute attente. Bien qu’il soit en permanence sur la corde raide, Bay maîtrise la suspension d’incrédulité et son suspens. Jamais il ne s’aventure sur les terrains abracadabrants des Fast & Furious, qui auraient fait virer son récit dans un fantastique involontaire et vidé le film de ses enjeux. Il n’y a rien d’exceptionnel dans la livraison d’un divertissement comme Ambulance. C’est même le minimum qu’on demande à un film de ce genre. Pourtant Roland Emmerich s’est raté avec son très cheap Moonfall. Le cahier des charges des productions Marvel joue la carte du plaisir régressif et soft, les elevated blockbusters sous prozac (les Batman, Dune, le dernier James Bond) pèchent par une photo sous-exposée, une psychologie plombante et un rythme peu étudié. Et bien sûr, il y’a cette vague de films d’action qu’on regarde avec distance, puisque plus rien n’y est crédible. Un blockbuster aux enjeux simples, qui ne laisse jamais indifférent, ni dans l’ennui sur ses presque 2h20 et qui soit conçu pour les salles de cinéma, c’est désormais très rare, et cela mérite d’être signalé. Sans vendre mon âme à Bay, je recommande chaudement de laisser son cerveau à l’entrée et de profiter du spectacle en salles.
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