Réalisation : Robert Eggers
Scénario : Sjón & Robert Eggers
Directeur de la Photographie : Jarin Blaschke
Montage : Louise Ford
Musique : Robin Carolan, Sebastian Gainsborough
Chef Décorateur : Craig Lathrop
Direction Artistique : Robert Cowper, Paul Ghirardani, Christine McDonagh, John Merry, Hauke Richter
Assistants Réalisateur : Ben Burt, Raymond Kirk
Production : Thomas Benski, Garrett Bird, Francesca Cingolani, Robert Eggers, Sam Hanson, Mark Huffam, Lars Knudsen, Arnon Milchan, Yariv Milchan, Michael Schaefer, Alexander Skarsgård
Pays : USA
Durée : 2h17
Sortie en salles le 11 mai 2022

Acteurs Principaux : Alexander Skarsgård, Anya Taylor-Joy, Claes Bang, Nicole Kidman, Ethan Hawke, Willem Dafoe, Gustav Lindh, Elliott Rose, Björk, Phill Martin, Eldar Skar, Olwen Fouéré, Ingvar Sigurdsson
Genre : Tragédie, Vikings, Action, Fantastique
Note : 8/10
Amleth est un prince viking promis à un grand avenir, jusqu’à ce que son père soit tué par son oncle Fjölnir devant ses yeux. Il parvient à s’enfuir, jurant de venger son père et de libérer sa mère. Des années ont passé et Amleth est devenu un guerrier puissant qui s’enivre de sa sauvagerie. Sa destinée le rattrape en la personne d’une Oracle qui le rappelle à sa destinée. Il décide de se vendre comme esclave à Fjölnir pour exécuter sa vengeance. Sur le chemin, il rencontre Olga, une autre esclave qui lui propose une alliance. Mais comme un grand philosophe l’a dit autrefois, la vengeance n’est pas une ligne droite…
Adoubé – un peu trop vite – par la critique depuis qu’il a contribué à créer l’elevated horror avec The Witch, puis transformé l’essai sur l’intimiste et théâtral the Lighthouse, Robert Eggers aborde un sacré tournant avec The Northman, et il le fait avec l’honneur d’un viking.
Cette tragédie inspirée des anciennes légendes nordiques qui ont donné naissance au Hamlet de Shakespeare reprend logiquement le canevas de la pièce du Barde en y réintégrant la violence, les croyances et les symboles vikings. Au Nord, rien de nouveau – me direz vous ? Et vous vous tromperez. C’est cette apparente simplicité qui fait la force de The Northman, car Eggers dispose d’une fondation assez solide pour offrir un film dense sans perdre son public. Plastiquement superbes et pavés de symboles puissants, The Witch et The Lighthouse ne pouvaient pas cacher son admiration pour Ingmar Bergman et F.W Murnau, avec une opacité certaine héritée du second. On pouvait se laisser porter par les images et l’atmosphère, mais également se perdre dans l’arythmie de ces films. La familiarité acquise à l’histoire de The Northman permet d’offrir au spectateur un spectacle nettement plus accessible, tout en ne déparant pas de ces influences.
Déployés sans retenue et avec lyrisme, les symboles font partie intégrante de l’histoire et la puissance des croyances vikings intègre la réalisation, nimbant le récit d’un fantastique omniprésent. Eggers a compris qu’il fallait habiter le point de vue radical du croyant, pour qui il n’y a pas de croyance mais une vérité qui a pénétré sa perception du monde qui l’entoure – parfois au point de le le forger. Il en résulte un film habité et jusqu’au-boutiste, mais pas statique. Eggers et son coscénariste Sjón prennent le temps de faire mûrir leurs personnages et de renverser le point de vue sur le dernier quart – sans toutefois perdre de vue celui du héros. La tragédie n’en est que plus forte et les enjeux de la dernière confrontation plus importants. Elle est de plus portée par un casting très convaincant, et particulièrement bien utilisé. Alexander Skarsgård en impose dans un retour aux sources amusant – son personnage de True Blood était un viking. On est heureux de retrouver Anya Taylor-Joy (révélée par Robert Eggers dans The Witch) et Claes Bang (héros de The Square et du Dracula de Steven Moffat), et de voir comment les scénaristes jouent sur l’image d’Ethan Hawke et de Nicole Kidman. Toutes ces qualités font de The Northman une promesse réussie d’immersion dans un autre monde offerte au plus grand nombre, un blockbuster d’une grande beauté et un parfait contrepied aux blockbusters « self service » produits par Marvel.
Votre commentaire