Réalisation : Schin’ichirô Ueda
Scénario : Schin’ichirô Ueda
Assistant Réalisateur : Yûya Nakaizumi
Directeur photo : Takeshi Sone
Montage : Schin’ichirô Ueda
Bande Originale : Schôma Ito, Kyle Nagai, Nobuhiro Suzuki
Maquillage / Effets Spéciaux : Junko Hirabayashi, Kazuhide Shimohata, Kasumi Nakamura
Budget : 27000 $ (3M Yen)
Durée : 1h36
Pays : Japon
Sortie en salles le 24 avril 2019
Disponible en DVD et Bluray depuis le 17 décembre 2019.

Production : Koji Ishihashi, Kentarô Kodama, Kôji Muta
Genre : Comédie horrifique
Acteurs Principaux : Takayuki Hamatsu, Yuzuki Akiyama, Arumi Shuhama, Kazuaki Nagaya, Hiroshi Ichihara, Takura Fujimura
Note : 8/10
One Cut of the Dead (titre américain du film) a connu un destin inattendu au Japon. Tourné pour un équivalent de moins de 25000 euros en huit jours par une bande d’étudiants d’une Ecole d’Arts dramatiques de Tokyo, le long métrage fut diffusé en novembre 2017 dans une salle d’art et d’essai et devint un tel phénomène qu’un distributeur en acheta les droits pour une diffusion dans 300 salles. Jackpot. Le film a même le privilège de sortir cette semaine dans une poignée de cinémas français, ce qui n’est pas une mince affaire pour un film de genre nippon, tout film de zombie soit-il. Nous suivons une petite équipe de cinéma en tournage d’un film de morts vivants à petit budget dans un entrepôt. Le réalisateur tyran engueule l’actrice pour ne pas être suffisamment authentique, puis la scène se prolonge dans un long plan séquence qui durera la totalité du film. Les acteurs ne tarderont pas à être attaqués par de vrais zombies, sous la caméra complice d’un réalisateur qui semble prêt à tout pour terminer son plan séquence dans cet idéal d’authenticité.
Amateurisme, acteurs dépassés, plans fixes interminables, irruptions hasardeuses de personnages et du réalisateur, au revoir au quatrième mur, caméra en roue libre et effets spéciaux limites. La vision des trente sept premières minutes pourrait au mieux provoquer des rires, au pire faire quitter la salle, ce qui serait une ENORME erreur. Ne coupez pas! va bientôt apporter une lumière sur ce que nous avons vu/cru voir. Rétrospectivement, les secrets du long plan séquence vont se dévoiler et laisser voir un film attachant et inventif, et nous faire revoir nos impressions sur cette équipe de tournage dépassée. Mais comme ce dernier fonctionne en partie sur la surprise, il est difficile de dévoiler l’astuce qui nous fait passer du zombie flick fauché à l’opération commando filmique la plus attachante depuis le Soyez sympas rembobinez de Michel Gondry, et à un film qui grandira sûrement lors des visions successives.
Pour éviter le spoiler, ne lisez pas plus loin !
A l’issue du générique de fin, nous découvrons que l’irruption des zombies faisait partie du film. Quelques semaines plus tôt, pour inaugurer leur nouvelle chaîne, des producteurs avaient commandé un film de zombie en un plan séquence diffusé en direct (Rien de neuf, ceci a notamment été fait il y’a plus de vingt ans sur un épisode de la saison 4 d’Urgences). Le réalisateur fictionnel que nous voyons hurler dans le film est le véritable réalisateur, à ceci près qu’il est effacé et (trop) gentil. Il se retrouve malgré lui au centre d’une préparation chaotique, mais encore une partie de plaisir face au tournage qu’il devra affronter. Nous reverrons le film du point de vue de ce qui se passe hors champ, c’est à dire des astuces mobilisées pour que le plan séquence ne s’arrête pas . Omniscient, le spectateur revoit les nombreux défauts du film comme des éléments inévitables liées aux contraintes de production. Schin’ichirõ Ueda et sa troupe nous font passer de spectateur à complice de l’équipe de tournage, créant une valeur affective certaine pour le même objet qui nous laissait perplexe peu de temps auparavant. Cette valeur affective est encore grandie par la deuxième partie du film qui nous a fait pénétrer dans la vie du réalisateur interprété avec par Takayuki Hamatsu, nourrissant des enjeux personnels qui seront développés au coeur du tournage.
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