John Wick – Chapitre 4

Si vous vous tâtez pour entrer dans la salle à cause de la durée et du numéro 4 accolé au titre, entrez y sans y réfléchir. 2h50 c’est long, mais vous ne les sentirez pas passer. John Wick 4 fait mentir tous les a priori qu’on pourrait avoir à l’entrée dans la salle, mais la saga John Wick est déjà suffisamment singulière dans le paysage cinématographique de 2022 – et construite en crescendo – pour croire les promesses faites pour ce volet. John Wick évolue dans un monde où règne une confrérie de tueurs avec des codes bien ancrés. Il en a fait partie, mais sa femme a su l’en extraire. A la mort de celle-ci d’une longue maladie, le tueur rempile quand des mafieux russes tuent le chien qu’elle lui a offert. Dans John Wick 2 il est obligé de remplir un contrat et il enfreint le code d’honneur de toutes les familles en tuant au sein de l’hôtel Continental. Excommunié par l’organisation, sa tête est mise à prix dans John Wick : Parabellum. C’est le début d’une escalade qui se poursuit dans ce quatrième volet où tous les coups sont permis et où les prix ont encore grimpé. Quelques lignes suffisent à résumer les quatre volets de John Wick, mais comme certains films sont un enchaînement d’idées qui rend tout résumé impossible (Everything, Everywhere at once en est un bon exemple), d’autres développent très bien un synopsis qui peut tenir sur un coin de table. Tout est dans l’art et la manière.

Chad Stahelski sait que John Wick 4 est son point culminant. Ancien cascadeur (il a repris le rôle titre de The Crow après la mort de Brandon Lee sur le plateau), le réalisateur a co-réalisé le premier volet puis poursuivi en solo sur la suite. John Wick est son bébé, et il a apporté à la saga son passé de coordinateur de cascades. Les scènes d’action de John Wick sont parmi ce qu’on a vu de plus long dans le genre. Le film est découpé en trois parties – chacune étant confondue dans une séquence d’action à rallonge. Le réalisateur parvient à les faire tenir aussi longtemps grâce à un découpage, un montage et une gestion des chorégraphies étudiée. Tout est parfaitement lisible et si on ne pourra pas profiter d’un spectacle sanglant décomplexé (un des compromis pour l’exploitation du film), le mixage sonore fait plutôt mal et l’accompagnement musical de l’affrontement est de haute volée. L’effet jeu vidéo assumé et l’apparente invincibilité de John Wick passent plutôt bien face à la générosité et la maîtrise de ce qui est montré.

Elle passe d’abord grâce aux personnages. Tous archétypaux mais charismatiques, construits dans un moule fortement influencé par Sergio Leone et les cinémas asiatiques (japonais et hong-kongais, influences très visibles). Keanu Reeves est le centre de gravité autour duquel s’agrège tous ces tueurs hors du commun. Donnie Yen revient dans un rôle de guerrier aveugle auquel il nous avait habitué avec Rogue One. Le nouveau venu Shamier Anderson incarne un homme sans nom – Mr Nobody – qui ne se déplace pas sans son chien. Le chien, motif récurrent dans les John Wick, est un vrai personnage qui ne se prive pas d’attaquer les couilles des vilains tueurs ou d’exprimer à sa manière son ressenti. Bill Skarsgaard (ex-clown de Ca) incarne le bad guy français, comble du stéréotype et avec un accent hasardeux. Scott Adkins nous sert une variation du pingouin de Batman complètement over the top. On a plaisir à voir le regretté Lance Reddick (décédé il y’a peu), même pour un court moment. Ian McShane et Laurence Fishburne sont fidèles à eux-même.

Toutes ces performances s’inscrivent dans un voyage autour du monde dont Paris est le point de gravité. La dernière séquence est une relecture des douze travaux d’Hercule où chaque affrontement a lieu dans un endroit emblématique de Paris, commentée par une DJ qui se planque dans la Tour Eiffel. La capitale est vidée de sa population, désincarnée à l’extrême pour servir de terrain d’affrontement et pour accueillir le monde de John Wick, comme si tout autre activité sur la planète avait cessé d’être. Il n’y a plus que les paris sur l’issue de ce duel et la prime qui monte de façon vertigineuse. Ce fut probablement une belle expérience pour l’équipe de tournage. Pour les français que nous sommes, c’est une expérience étrange, drôle et plutôt jouissive. Qui n’a pas rêvé de voir une scène d’action surréaliste au beau milieu du rond point de l’Etoile, avec l’affluence des automobilistes qui continue de vivre sa vie malgré les meurtres qui ont lieu sous ces yeux ? Où sont les journalistes ? Où est la police ? C’est ce monde absurde vidé du quotidien et toute cette générosité qui font le charme de John Wick 4. Chad Stahelski peut s’enorgueillir d’avoir livré du grand divertissement.

Réalisation : Chad Stahelski

Scénario : Shay Hatten, Michael Finch, basé sur les personnages créés par Derek Kolstad

Directeur de la Photographie : Dan Laustsen

Montage : Nathan Orloff

Musique : Tyler Bates, Joel J.Richard

Chef Décorateur : Kevin Kavanaugh

Direction Artistique : Emil Birk, Gilles Boillot, Karim Kheir, Régis Marduel, Andreas Olshausen, Cornelia Ott, Chris Shriver, Thierry Zemmour

Production : Christoph Fisser, Basil Iwanyk, Ilene Kim, Erica Lee, David Leitch, Henning Molfenter, Michael Paseornek, Keanu Reeves, Louise Rosner, Chad Stahelski, Charlie Woebken

Pays : USA

Durée : 2h49

Sortie française le 22 mars 2023

Acteurs Principaux : Keanu Reeves, Donnie Yen, Laurence Fishburne, Ian McShane, Rina Sawayama, Bill Skarsgård, Shamier Anderson, Scott Adkins, Lance Reddick, Marco Zaror, Hiroyuki Sanada, Natalia Tena, Clancy Brown

Genre : Action

Note : 7,5/10

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