Réalisation : Logan Marshall Green
Scénario : Logan Marshall Green
Directeur de la Photographie : Pepe Avila del Pino
Musique : Jason Isbell
Montage : Claudia Castello
Chef Décorateur : Emma Rose Mead
Production : Ethan Hawke, Jason Blum, Beatriz Sequeira, Couper Samuelson, Adam Hendricks, John H. Lang, Ryan Hawke, Zac Locke, David Grove, Churchill Viste, Donald Tang, Greg Gilreath
Pays : USA
Durée : 1h21
Sortie VOD en France le 16 mars 2020. Disponible sur OCS

Acteurs Principaux : Ethan Hawke, Elaine Hendricks, Chris Sullivan, Christopher Heyerdahl, Anne-Marie Johnson
Genre : Drame social
Note : 7,5/10
Russell Millings a plongé pour 21 ans pour possession de marijuana, la faute à une loi aberrante condamnant fortement les multi-récidivistes. Depuis, la loi a été abrogée, mais le temps passé derrière les barreaux l’a coupé de ses meilleurs années. A sa sortie, il découvre un monde où internet s’est généralisé et où un grand nombre de choses a changé. Il parvient à conserver un emploi de plongeur en attendant de mettre totalement une croix sur son passé. Un soir, il trouve un bébé dans une poubelle et il décide de le ramener chez lui pour s’en occuper. A partir de là, un enchainement d’événements vont mettre en danger le cocon qu’il s’est créé pour résister à ce monde hostile. Adopt a Highway est un film Blumhouse atypique, qui s’aventure très loin du cinéma d’horreur qui fait encore les beaux jours de la célèbre société de production. Il aborde le sujet bien peu glamour de la réinsertion des anciens détenus, et il le fait avec une originalité et une finesse qui forcent le respect. Il est une juxtaposition de moments, de rencontres, d’échanges qui sonnent tous justes au sein d’un chemin qui n’est jamais vraiment tracé. Le chemin d’un anti-héros dans sa solitude amené à faire des choix de moins en moins rationnels à mesure qu’il se trouve confronté à des codes qu’il ne maîtrise pas.
L’acteur Logan Marshall-Green (la très bonne série Quarry, The Invitation) a eu beaucoup de chance d’avoir le parrainage d’Ethan Hawke pour ses débuts derrière la caméra. Plutôt discret, Hawke peut s’enorgueillir d’une carrière qui présente un sans-faute, dans des genres très différents et loin des blockbusters que beaucoup d’acteurs plus chevronnés considèrent comme un passage obligé. Il apporte à ce quadra renfermé une proximité immédiate avec le spectateur. Nous connaîtrons quelques miettes de son histoire, mais ses réactions face au nouveau né et son attachement à son père disparu alors qu’il purgeait sa peine suffiront à ressentir une empathie profonde qui ne se tarira pas sur les quatre vingts minutes du film. Le choix de ne pas l’opposer systématiquement à ses interlocuteurs apporte une nuance bienvenue qui place avant tout l’absurdité dans le système, et moins dans ses pions. Adopt a Highway est un film mélancolique qui possède une bienveillance qui sait dénoncer sans caricaturer, qui sait jouer sur le décalage des époques sans tomber dans la franche comédie, qui sait aussi amener hors des sentiers battus alors qu’on pensait le destin de Russell scellé. Il est surtout traversé par ce sentiment de précarité constante de celui pour qui la liberté ne tiendra toujours qu’à un fil, un concours de circonstances ou une incompréhension. L’acte de désintéressement final n’en est que plus poignant. Un premier essai plein de promesses.
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