Réalisateur : Brandon Cronenberg
Scénariste : Brandon Cronenberg
Directeur Photo : Karim Hussain
Montage : Matthew Hannam
Assistant Réalisateur : Rob Cotterill
Bande Originale : Jim Williams
Chef Décorateur : Rupert Lazarus
Directeur Artistique : Kent McIntyre
Production : Niv Fishman, Fraser Ash, Kevin Krikst & Andrew Starke
Pays : Canada, Royaume-Uni
Durée : 1h43
Compétition Officielle Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2021
Sortie le 7 avril 2021 en VOD et DVD

Acteurs Principaux : Andrea Riseborough, Christopher Abott, Rossif Sutherland, Tuppence Middleton, Sean Bean, Jennifer Jason Leigh
Genre : Horreur
Note : 7/10
Le deuxième film de Brandon Cronenberg aurait pu se glisser dans les salles de cinéma, si celles-ci avait fini par ré-ouvrir. Neuf ans après la sortie d’Antiviral, il écumait encore les festivals avec un certain succès. Après l’Etrange Festival en septembre dernier, c’est Gérardmer qui accueillait cette nouvelle pelloche organique et sensorielle du fiston de David. Un film qui l’émancipe légèrement de l’ombre paternelle, mais finalement pas tant que ça. L’inquiétante Andrea Riseborough y incarne Tasya Vos, une sorte de parasite criminelle. Employée par une organisation qui lui permet d’habiter le cerveau de personnes, devenues de simples hôtes, elle les utilise pour commettre des crimes commandés par les clients de l’agence. Elle est le meilleur agent dans sa catégorie. L’exécution des scénarios se trouve compliquée par le lien émotionnel qu’elle entretient encore avec son ex-mari et son fils. Sa nouvelle mission se fera dans la peau de Colin, petit-ami de la fille d’un magnat cible de l’entreprise (Sean Bean) et pantin tout désigné. La résistance de l’hôte en fera une mission plus intense qu’elle n’aurait pu le soupçonner. Qui du parasite ou de son occupant réel aura finalement le contrôle de ce corps?
Brandon Cronenberg a gagné des galons sur la forme. Possessor est une belle bataille intérieure qui attaque les sens. Grâce à une utilisation remarquable du son, du montage et de l’image, il plonge dans les textures avec un aplomb vivifiant pour amplifier leur côté organique. Il soigne ses effets gores pour qu’on puisse les ressentir autant que les voir, donnant l’impression de vivre une véritable expérience du meurtre par procuration. Ainsi tout ce qui touche à l’expérience du nouveau corps (et par extension du corps étranger masculin) est une réussite. Il y’a aussi une zone d’ombre bienvenue sur l’organisation criminelle pour laquelle Tanya oeuvre et une amoralité assumée qui sied bien au film. Mais en dépit de l’expérience qu’il procure, Possessor réussit trop souvent à se perdre dans le symbolique et l’abstraction au travers d’images lourdement signifiantes. Ses explications de texte paralysent pas mal de bonnes scènes de la seconde partie et empêchent l’expérience d’être continue. Un film un peu moins autiste, qui se permette plus d’interaction avec son décor et de respiration avec ses personnages secondaires (ici tous plus ou moins figuratifs, malgré un beau casting) aurait aussi été préférable. Mais en l’état, Possessor est plein de belles promesses pour l’avenir.
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