Réalisation : Patty Jenkins
Scénario : Patty Jenkins, Geoff Johns, Dave Callaham, d’après les personnages de William Moulton Marston
Directeur Photo : Matthew Jensen
Montage : Richard Pearson
Bande Originale : Hans Zimmer
Chef Décoratrice : Aline Bonetto
Direction Artistique : Alex Baily, Simon Elsley, Gavin Fitch, Conor Maclay, Charlotte Malynn, Rod McLean, Daniel Nussbaumer, Alan Payne, Peter Russell, James M. Spencer, Darren Tubby
Pays : USA
Durée : 2h31
Sortie française en VOD le 30 mars 2021 et en DVD/BluRay le 7 avril 2021

Production : Patty Jenkins, Charles Roven, Zach Snyder, Deborah Snyder, Stephen Jones, Gal Gadot
Acteurs Principaux : Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig, Pedro Pascal, Robin Wright, Connie Nielsen, Lilly Aspell
Genre : Film de super-héros, fantasy
Note : 6,5/10
L’affiche est mensongère. Nous ne verrons pas Wonder Woman 1984 au cinéma. Le 25 décembre dernier, les Etats-Uniens ont pu choisir entre les salles obscures et le streaming sur la chaîne HBO Max pour visionner le dernier film de super-héros DC en date. L’absence d’un horizon de ré-ouverture de nos salles condamnait petit à petit le film, dont la sortie vidéo US s’approchait de plus en plus. Warner Bros France a donc décidé de tabler sur une sortie VOD dans nos contrées le 30 mars, suivie du dvd et du bluray le 7 avril prochain,et le studio ne sera pas le seul à en sortir perdant.
Cette deuxième aventure de Wonderwoman / Gal Gadot en solo n’est pas la purge que beaucoup s’affairaient à dénoncer après l’avoir vu suite à sortie US. Comme beaucoup de films de super-héros DC de ces dernières années, il souffre de sa trop longue durée et d’ambitions visiblement trop grandes, mais il parvient à poser sa barre à seulement un niveau plus bas que le premier film. En 2017, le premier Wonder Woman avait réussi à fournir une intrigue classique et efficace, une bonne reconstitution historique de l’époque de la Première Guerre Mondiale et surtout à insérer un peu d’humour dans un univers DC très peu engageant. Wonder Woman 1984 nous fait retrouver Diana Prince en…1984, mais sans qu’aucune magie ne soit intervenue puisqu’elle est immortelle. La magie de l’Histoire est contenu dans une pierre, un artefact ancien qui a été confié au musée où elle travaille, aux bons soins de sa collègue, la timide et complexée Barbara Minerva (Kristen Wiig). La pierre magique exauce les voeux de quiconque la détient. Elle permettra à Diana et à Barbara de réaliser leur souhait le plus cher. Mais lorsque le businessman Maxwell Lord (Pedro Pascal) s’en empare et fait le voeu de devenir cette pierre, le prix à payer pourrait bien être la destruction de notre monde.
L’idée de départ n’est pas mauvaise. Il est plutôt astucieux de placer cette intrigue à l’époque où le « toujours plus » s’est véritablement installé. Le côté Bigger than Life et nostalgique des 80’s que l’on tend à voir depuis quelques années est peu présent ici. Patty Jenkins aurait plutôt tendance à tomber dans l’excès inverse, la représentation du passé avec le jugement de l’époque actuelle. Ce qui nous vaut beaucoup de situations traitées avec un grand premier degré et qui étaient déjà des stéréotypes à cette époque. Mais ce défaut ne gâche pas le plaisir du film. On ne peut pas en dire autant de la construction de(s) intrigue(s), entremêlées avec plus ou moins de bonheur et d’une manière qui défie tout sens du rythme. Wonder Woman 1984 est composé de trois arcs liées à l’intrigues principales. Diana fait le voeu de retrouver le pilote Steve Trevor (Chris Pine) et il s’incarne dans le corps d’un inconnu : Pourra t’elle sauver le monde, si cela signifie le perdre une nouvelle fois? Barbara fait le voeu de devenir comme Diana : Sauver le monde la ramènerait à sa condition de personnage insignifiant. Maxwell Lord a quand à lui tout à prouver à son jeune fils en dominant le pétrole, puis le monde. A la façon d’un film de super-héros classique (le Superman de Donner est souvent cité), ces trois noeuds s’entremêlent, avec un arrière plan très 80’s de comédie fantastique et un semblant d’intrigue politique.
Sur le papier, la recette pourrait fonctionner. Les ingrédients sont pourtant très vite plombés par une impossibilité de suivre les standards qu’imposent ces intentions. Une scène d’ouverture inutile et une exposition qui n’en finit pas jurent avec la concision des classiques de super-héros cités. Ils font prendre au film un très mauvais départ. La suite donne souvent l’impression de regarder plusieurs univers peu connectés. Aucune de ces intrigues ne parvient à réellement culminer. Pedro Pascal – survolté comme on ne l’a jamais vu- et Kristen Wiig en mode tragi-comique s’éclatent pourtant dans leur composition de vilains attachants et hauts en couleur qui n’auraient pas dépareillé dans les Spiderman de Sam Raimi. A ceci près que Raimi les aurait mieux mis en valeur et en moins de scènes. Wonder Woman 1984 est finalement peu original, prévisible et il ne rattrape jamais sa structure lourde, ni la léthargie causé par sa dilution. Mais il a pour lui un optimisme naïf étonnant pour le DCVerse cinématographique et il parvient à quelques moments à se hisser au niveau de ses inspirations. Avoir été piocher ailleurs que dans les Marvel de la dernière décennie est déjà une initiative à porter à son crédit.
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