Lone Star

Réalisation : John Sayles

Scénario : John Sayles

Directeur de la photographie : Stuart Dryburgh

Montage : John Sayles

Musique : Mason Daring

Chef Décorateur : Dan Bishop

Direction Artistique : J. Kyler Black

Production : Jan Foster, R. Paul Miller, Maggie Renzi, John Sloss

Pays : USA

Durée : 2h15

Sortie en salles le 18 septembre 1996

Acteurs principaux : Chris Cooper, Kris Kristofferson, Matthew McConaughey, Elizabeth Pena, Joe Morton, Ron Canada, Stephen Mendillo, Frances McDormand, Tony Plana

Genre : Western, policier, Drame

Note : 9/10

Il y’a presque dix ans jour pour jour, le 7 novembre 2011, Lone Star était diffusé sur Arte. Après l’avoir vu, j’écrivai une petite review sur une fiche cartonnée, la première d’une longue série de fiches films que je rédigerai pendant des années en marge des articles pour l’Ouvreuse – et qui furent un peu l’ancêtre de ce blog. En ce quasi-anniversaire, qui coïncide poétiquement avec la diffusion du film pour la rétro John Sayles, je ne résiste pas à l’envie de partager ce petit voyage dans le temps. « Lone Star est une bonne histoire sur un shériff qui enquête sur une affaire liée à son père, lui-même shériff et héros local. Rappelle un peu « Ténèbres prenez moi la main » de Denis Lehane. Aussi un bon film choral sur la difficulté de cohabitation ethnique sur la frontière Mexicano-texane durant la deuxième moitié du XXème. Chris Cooper est très convaincant. John Sayles est à suivre. 7/10″.

Dix ans plus tard, cette critique est validée dans son ensemble, mais je trouve l’auteur un peu trop réservé. Lone Star n’est pas juste une bonne histoire, mais un film majeur, au sein de la carrière de réalisateur de John Sayles (ce qui transparaît beaucoup plus avec cette rétro) mais aussi un film sans pareil dans le cinéma américain. Il démarre avec des allures de polar westernien. L’enquête de Sam Deeds sur un meurtre qu’il attribue à son père n’est pourtant qu’un récit parmi d’autres, et Chris Cooper se mue très vite en facilitateur qui permet d’entrer dans la vie d’autres personnages, dont l’arc est aussi important que le sien, quand il n’est pas décisif pour la résolution de l’enquête. Cooper rejoint un peu à ce niveau Vincent Spano dans City of Hope , à ceci près que John Sayles a bien plus soigné la forme de Lone Star pour qu’elle cadre aux genres abordés. Le résultat est une parfaite synthèse de film policier rural, de western et de portrait de communauté ‘à la John Sayles’. La prouesse étant doublée du fait que deux époques sont abordées, le présent, et le passé – à travers des points de vue multiples. Dans ce Cold Case avant l’heure, les transitions vers le passé sont indolores, intégrées aux décor présent dans un montage minutieux, qui dévoile à la fois l’immobilité du paysage et à quel point les traces de ses actions datant de décennies auparavant ont toujours un impact sur la vie des habitants.

Même au-delà de sa forme très équilibrée, Lone Star est un bonheur à suivre car l’empathie est constante et l’humour est nettement plus présent que dans les précédents portraits de John Sayles (Brother à part, mais c’est une comédie). Il peut-être désabusé, pincé ou invoquer la répétition, il s’invite souvent au détour d’un dialogue en accompagnant le drame sans jamais le désamorcer. Chris Cooper n’est pas étranger à cette complicité – traînant sa dégaine de shériff de circonstance pas en dehors de ses bottes, mais un peu outsider et ployant sous le poids de la légende de son père. Pour rappeler qu’il est partie intégrante de cette communauté, le réalisateur n’oublie pas de lui confier son propre story-arc, une histoire d’amour du passé sur le point de renaître, qui trouvera également un écho dans l’enquête. S’il n’a pas l’exclusivité des pics émotionnels du film, ses scènes avec Elizabeth Pena (Pilar) sont particulièrement touchantes. Cette dernière domine la partie sur la communauté hispanique alors que Joe Morton, dans le rôle d’un militaire qui a aussi des problèmes avec son père, met le coup de projecteur sur la difficile intégration de la communauté noire. Entre passé et présent, ce choc des communautés et des générations à cheval entre les Etats-Unis et le Mexique avait de quoi inspirer John Sayles. Il aurait pu en faire un film hautement politique. Il l’a tourné, comme à son habitude, en une expérience humaine poignante et complexe. Si sa conclusion est un peu prévisible (mais étonnante dans son traitement), le voyage synthétise toute la maestria de Sayles en tant que scénariste, réalisateur, monteur et directeur d’acteurs.

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