Réalisation : Wes Craven
Scénario : Kevin Williamson, Ehren Krüger
Directeur de la Photographie : Peter Deming
Montage : Peter McNulty
Musique : Marco Beltrami
Chef Décorateur : Adam Stockhausen
Direction Artistique : Gerald Sullivan
Production : Wes Craven, Carly Feingold, Cathy Konrad, Ehren Kruger, Iya Labunka, Marianne Maddalena, Ron Schmidt, Matthew Stein, Bob Weinstein, Harvey Weinstein, Kevin Williamson
Pays : USA
Durée : 1h50
Sortie en salles le 13 avril 2011

Genre : Slasher Movie
Note : 6,5/10
Au milieu des années 90, le le slasher movie se fait de plus en plus rare sur les écrans, essoufflé par plus d’une décennie de suites de Vendredi 13, Halloween, Freddy etc… Réalisateur du premier volet des Freddy et d’un grand nombre de classiques de l’horreur trash (la dernière maison sur la gauche, la colline a des yeux…), Wes Craven entreprend de dépoussiérer la franchise qu’il créa avec Freddy sort de la nuit lors de l’année 1994, plongeant le boogeyman des cauchemars dans une intrigue méta. Son film suivant, Scream qui sort à la fin de l’année 1996 aux Etats-Unis (et à l’été 1997 en France) a l’ambition bien plus grande de ressusciter le slasher movie en mettant en évidence les codes des slashers. Le but est de révéler les repères du spectateur sevré aux films d’horreur pour l’empêcher de devancer le tueur et faire naître de nouveau la peur. Craven engage des acteurs familiers, qui ont un passé avec le spectateur grâce aux séries TV. S’ajoute à la recette un ancrage référentiel lourd,et surtout la remise au goût du jour du whodunit qui ouvre les suspicions sur n’importe quel personnage. Scream devient vite un phénomène, la porte d’entrée d’une génération de spectateurs au cinéma d’horreur et le meneur d’une nouvelle vague de néo-slashers parmi lesquels Souviens toi..l’été dernier et Urban Legends.
Mais Craven et le scénariste Kevin Williamson avaient planté les graines du propre démontage de leur formule. Une fuite en avant suivit, sous la forme d’une vague de néo-slashers référentiels chargés en séquelles qui tombèrent encore plus vite en désuétude face à une génération « à qui on la fait plus ». A peine trois ans plus tard, soit peu de temps après la sortie de Scream 3, le pastiche Scary Movie des frères Wayans enterrait déjà les néo-slasher, qui portèrent la marque rouge Williamson / Craven à la fois pour les nouveaux spectateurs et pour beaucoup de fans de films d’horreur qui n’avaient pas apprécié qu’on touche à leurs classiques. Ils laissèrent la place aux torture porn (Saw, Hostel…) , aux remake des classiques horrifiques des 70’s/80’s et dans le cas le plus heureux à des essais originaux dopés à la référence (Shaun Of The Dead). Wes Craven voulait attendre suffisamment longtemps afin d’avoir la matière nécessaire à la mise en oeuvre d’un quatrième opus requestionnant le genre comme le premier opus à son époque. Sorti au début des années 2010, Scream 4 est plus un fossoyeur de la vague de remakes de films d’horreur années 2000 qu’un véritable renouveau du neo-slasher.
La démonstration gâche une grande partie du plaisir. En sus de personnages fades (pour servir le message), les séquences obligées sont expédiées sans le suspens des premiers opus. D’autres sont tellement peu utiles au récit qu’elles auraient pu être retirées au montage. Ghostface est bourrin et brouillon. il cherche à nous faire croire qu’il y’a de nouvelles règles à découvrir alors qu’il ne fait que remettre au goût du jour les meurtres du premier film de façon anarchique. Scream 4 ne dévoile finalement sa substance que dans sa dernière partie, lorsque les auteurs finissent par faire tomber les masques. La démonstration est brillante. Son intégration à l’intrigue surprenante, mais le procédé est d’une fainéantise contestable car nous sommes alors plus dans une dissertation sur le genre que dans un film d’horreur. La « final girl » de ce volet n’est qu’une imposteure qui cherche à voler la place de victime de Sidney pour accéder à sa célébrité. En fait l’alter ego des producteurs de remakes à la chaîne qui cherchent ) cherchent à remplacer les originaux en copiant une formule. Mais lorsqu’elle réussit son coup, une scène « additionnelle » finit par la révéler et faire triompher le trio de survivants. Par cette conclusion, Craven et Williamson se posent en bourreaux du remake/reboot de film d’horreur, mais ils mettent aussi à jour un effet copycat inversé (victimaire) en accord avec la montée en puissance des valeurs de célébrité et de reconnaissance publique de notre société.
Seule Sidney Prescott ressort grandie de cet opus. Après avoir gagné les droits sur le film de sa vie (Stab) en écrivant son livre, elle récupère ici les droits sur sa vie. Et Craven les siens sur la franchise qu’il a créé. Il participera à la création de la série Scream avec MTV qui fut diffusé quatre ans plus tard, série aura sa propre vie hors du canon. Wes Craven décédera l’année de la diffusion de la série. Sidney, Gale et Dewey sont pourtant bien de retour dans Scream (5), sans les acteurs de la série, mais aussi sans créateur pour les garantir d’un passage de relai brutal (il est décédé en 2015). Cette génération de lycéens née bien après le premier Scream prendra t’elle finalement leur place?
Réponse en salles ce mercredi.