Réalisation : Paco Plaza
Scénario : Carlos Vermut
Directeur de la Photographie : Daniel Fernández Abelló
Montage : David Gallart
Musique : Fatima Al Qadiri
Cheffe Décorateur : Laia Ateca
Directrice Artistique : Laia Ateca
Production : Pilar Robia, Enrique López Lavigne, Sylvie Pialat, Alejandro Arenas
Pays : Espagne
Durée : 1h40
Sortie en salles le 6 avril 2022

Genre : Horreur, Epouvante
Note : 7/10
Susana a déménagé à Paris pour vivre une carrière de mannequin qui n’a jamais vraiment décollé. Lorsqu’elle reçoit un appel de l’hôpital central de Madrid pour l’informer que sa grand mère Pilar a eu un AVC, elle saute dans le premier avion. Susana a été élevé par sa grand-mère, et elle décide de rester pour s’occuper d’elle le temps de trouver une aide à domicile. Pilar est devenue complètement dépendante et elle manifeste un mutisme entrecoupé de rires nerveux qui finissent par inquiéter Susana. Alors que la fille de la meilleure amie de Pilar récemment décédée se manifeste, Susana est prise dans un cercle vicieux qui pourrait bien avoir pour but de la fragiliser.
Les films d’horreur ne sont jamais meilleurs que lorsqu’ils parlent des sujet tabous. Prix du jury au dernier festival de Gérardmer, Abuela aborde frontalement la vieillesse et la dégénérescence du corps pour en faire un élément horrifique, un état de non-retour qu’il faut fuir à tout prix dans un monde où le paraître est la valeur suprême. Le ton est donné dès les premières scènes dans lesquelles l’héroïne est gentiment raillée sur son âge avancée, presque celui de la fin de carrière d’une mannequin. Interprétée sans un mot par une Vera Valdez inquiétante, Pilar apparaît comme un spectre venu d’un autre monde. Elle est toujours la grand-mère chérie par Susana, mais le spectateur qui a un métro d’avance grâce à la très suggestive scène d’ouverture devine qu’elle est devenue bien plus, comme contaminée par ce mal bien moderne. Victime toute désignée d’une cabale qui rappelle beaucoup celle d’Hérédité, Susana évolue dans l’univers plus balisé de l’horreur espagnole, avec son implantation très forte dans la réalité et un fort travail sur l’atmosphère – mais pas de grandes surprises ni de ruptures de ton importantes. Mais le réalisateur Paco Plaza n’est pas le dernier artisan venu. Il a mené sa barque un temps avec Jaume Balaguero pour livrer la série des REC. Il partage avec son compère cet art de faire monter la tension sur peu de choses (on se souvient du très malsain Malveillance). Le mal s’insinue par touches, par images qui impriment la rétine plus que par des coups d’éclat. Rendre palpable l’épuisement psychologique et l’étouffement des conventions sociales est la note d’intention d’Abuela, et il réussit très bien à le faire. Le piège se referme, certes sous l’oeil complice du spectateur, mais non sans l’avoir fait lui aussi perdre pied.
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