Réalisation : Péter Bergendy
Scénario : Piros Zánkay, Gábor Hellebrandt & Péter Bergendy
Directeur de la Photographie : András Nagy
Montage : István Király
Musique : Atti Pacsay
Décorateur de Plateau : Tamás Tamási
Costumes : János Breckl
Production : Gábor Hellebrandt, Ábel Köves, Tamás Lajos
Pays : Hongrie
Durée : 1h55
Sortie VOD, BluRay et DVD le 22 mai 2022. Compétition Festival de Gérardmer 2022.

Genre : Epouvante, Historique, Film de fantômes
Note : 6/10
La compétition 2022 du Festival du Film Fantastique de Gérardmer fait voyager. Après les affrontements sur l’aire de jeu des têtes blondes norvégiennes, nous voici en Hongrie, sur un champ de bataille de la première guerre mondiale. Thomas a failli mourir au front suite à l’explosion d’une grenade, avant d’être sauvé de justesse par un vieil homme qui l’a vu remuer dans la fosse aux cadavres. Quelques mois plus tard, le voilà photographe post mortem dans une foire itinérante. Il y fait la connaissance de la jeune Anna, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la gamine qu’il a vu au moment où il est passé près de la mort. Persuadé qu’un lien existe entre eux, Tomás accepte de la suivre pour photographier les nombreux morts de son village, rongé par la grippe espagnole qui est venue décimer les survivants de la Grande Guerre. Une peur indicible étreint les villageois depuis peu, que Tomás ne tarde pas à éprouver lorsqu’il est lui-même témoin de phénomènes inexpliqués. Des ombres spectrales apparaissent sur ses photos et les morts commencent à jouer avec les vivants – Ca n’est jamais bon signe. Bardé de son attirail technologique, le photographe s’allie avec Anna pour bouter les fantômes hors de la bourgade.
L’Europe de l’Est du début de la première moitié du XXème siècle ne saurait nous vendre de l’herbe verte, un grand ciel bleu et des mines réjouies, sauf à se moquer sérieusement de notre gueule. Avec la mort pour thème, Post Mortem est logiquement un film austère, plutôt glauque et d’un sérieux spectral (malgré quelques touches d’humour noir), mais il n’est pas dénué de cette poésie morbide qui hante les superstitions de la Hongrie et de ses environs. La photographie d’András Nagy transcrit le mood de cette époque avec une élégance certaine, soutenue par une réalisation posée et une direction artistique plutôt avisée. C’est bien la reconstitution historique qui suscite l’intérêt pour ce quatrième long de Peter Bergendy, un certain soucis du détail qui part souvent hors des sentiers battus. Peu de films se sont centrés sur la pratique très visuelle de la photographie Post Mortem, pourtant fortement démocratisée en Europe dans la deuxième moitié du XIXe et la première moitié du XXème. Nous pouvons aussi admirer les outils de photographie de l’époque, l’architecture de ce petit village et découvrir l’ancêtre du masque, utile aux mères de famille pour protéger leur bambin de la grippe espagnole : un beau sac à patates. Le contexte de Post Mortem est donc convaincant et son couple hautement improbable : Une gamine de dix ans (la talentueuse Fruzsina Hais) et un homme plus…âgé (Viktor Klem, sorte de Matthew MacFadyen hongrois plutôt charismatique) – a de quoi faire jaser dans les chaumières du politiquement correct.
Toutes ces qualités laissent une bonne impression sur la première moitié, mais le film se perd dans sa seconde partie, la faute à une durée trop longue, un rythme dilué et un effet d’accumulation des phénomènes qui s’accommode mal au sous-genre tout en suggestion du film de Fantôme Européen. Péter Bergendy assume parfaitement le macabre de son contexte, mais il peine à faire naître le drame et l’horreur. Il se perd à trop vouloir répéter les mêmes scènes ou à vouloir insinuer du mystère où il n’y en a pas tant que ça. Ainsi, malgré son scénario atypique et sa bonne facture, Post Mortem ne parvient jamais à véritablement transporter ou surprendre.
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