Showrunners / Créateurs : Isabel Peña et Rodrigo Sorogoyen
Scénario : Isabel Peña, Rodrigo Sorogoyen, Eduardo Villanueva
Réalisation : Rodrigo Sorogoyen, Borja Soler
Directeur de la Photographie : Alejandro De Pablo, Diego Cabezas
Montage : Alberto del Campo, Miguel Doblado, Pedro Collantes
Musique : Olivier Arson
Direction Artistique : Miguel Ángel Rebollo
Casting : Arantza Vélez
Production : Fran Araújo, Domingo Corral, Jofre Farré, Sofía Fábregas, Isabel Peña, Alejandra Sabá, Rodrigo Sorogoyen, Eduardo Villanueva
Pays : Espagne
Durée : 6 x 45 mn
Diffusé sur Movistar+ le 16 octobre 2020. En France sur Polar+ le 16 novembre 2021. Sur Canal+ du 13 au 27 mai 2021

Acteurs Principaux : Vicky Luengo, Raúl Arévalo, Álex García, Hovik Keuchkerian, Roberto Álamo, Raúl Prieto, Patrick Criado, Tomás del Estal, David Lorente, Nico Romero, Iria del Río, Mónica López, Alfonso Bassave
Genre : Polar
Note : 7,5/10
Une brigade d’intervention anti-émeutes composé de six policiers est chargée d’expulser les occupants d’un appartement dans un quartier populaire de Madrid. En sous-effectif et confrontés à des militants du droit au logement, ils sont forcés par le juge à intervenir. L’intervention dégénère et cause la mort d’un des occupants de l’immeuble, immigré sans papier. L’affaire arrive aux affaires internes, où travaille Laia, enquêtrice perfectionniste et entêtée. La tension monte dans les rangs des policiers, pris dans un étau médiatique. Laia met le doigt sur des éléments qui pourraient la mener vers une vérité autrement plus dérangeante pour les pouvoirs en place.
Quelques mois après la sortie de Madre, Antidisturbios sort sur la chaîne espagnole Movistar+, scellant le retour de Rodrigo Sorogoyen à la télévision – où il a fait ses premières armes. La présence d’Isabel Peña qui a co-scénarisé ses longs métrages Que Dios Nos Perdones, El Reino et Madre a tout pour rassurer et le sujet, à la fois politique et intimiste coche toutes les cases pour produire un polar tendu comme le couple en a le secret. Dès son premier épisode, Antidisturbios frappe fort par son immersion prolongée dans l’intervention de l’Unité, portée par une réalisation impeccable. On comprend vite que l’engrenage qui se met en place, mêlé d’urgence, de tension et de violence, n’a pas d’autre issue qu’une erreur irréparable. A peine cette séquence terminé, les nerfs sont déjà à rude épreuve, mais les choses sérieuses n’ont pas encore commencé. Laïa est déjà entrée en scène dans son cadre familial, mais nous ne l’avons pas encore vue sur son terrain de chasse. Révélation de la série, Vicky Luengo va détonner sur six épisodes, donnant la réplique à un casting de gueules masculines sélectionnées avec amour – parmi lesquelles Raúl Arévalo, acteur de La Isla Minima et réalisateur du très recommandable La colère d’un homme patient.
Au menu d’Antidisturbios, il y’a l’immersion et l’enfermement des polars de Sorogoyen, les fameux plan séquences « vérité » dont il a fait sa marque, mais aussi la veine politique de Il Reino – l’intrigue s’orientant au fur et à mesure vers une affaire de corruption généralisée. Antidisturbios est presque intégralement réalisée par Sorogoyen. Ces six épisodes se déroulent sans surprises notables, pour peu qu’on connaisse ses obsessions, mais la capacité du réalisateur à faire abandonner notre garde pour nous transporter dans la vie de ses personnages est toujours sans égale (du moins sur ces dernières années). Les affrontements sont tendus, les personnages sont réalistes et les obstacles qu’ils affrontent les rendent humains, qu’on apprécie ou non leur comportement. Le format série permet de passer plus de temps avec eux, de décrire ce quotidien fait de pressions et de camaraderie et d’élever un peu le débat sur les responsabilités de chacun dans un système où le plus bas niveau est souvent le plus exposé. Un retour transformé qui occasionne pas mal d’attente pour le thriller d’anticipation Apagón, le prochain passage de Rodrigo Sorogoyen et Raúl Arévalo par la case tévé, dont la sortie est programmée pour septembre 2022. En attendant, ne loupez pas son superbe As Bestas sur vos grands écrans.
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