Créateurs / Showrunners : Dan Goor, Michael Schur
Scénario : Dan Goor, Michael Shur, David Phillips, Neil Campbell, Carol Kolb, Evan Susser, Lamar Woods, Jess Dweck, Paul Welsh, Stéphanie Amante-Ritter, Luke Del Tredici
Réalisation : Cortney Carrillo, Kevin Bray, Claire Scanlon, Daniella Eisman, Gail Mancuso, Maggie Carey, Thembi Banks, Beth Mccarthy-Miller, Linda Mendoza
Directeur de la Photographie : Rick Page
Montage : Jason Gill, Ryan Neatha Johnson
Musique : Dan Marocco
Chef Décorateur : Valdar Wilt
Direction Artistique : Walter Eckert
Production : Dan Goor, David Milner, Andy Samberg, Michael Schur, Matthew Nodella, Luke Del Tredici, Travis E. Gates, Richard H. Prince, Neil Campbell, Cortney Carrillo, Carol Kolb, David Phillips, Erica Djafroodi, Jess Dweck, Van Robichaux, Evan Susser, Dewayne Perkins, Madeline Walter, Paul Welsh, Lamar Woods
Pays : USA
Durée : 11 x 21 mn
Diffusé sur Netflix à partir du 13 août 2022

Acteurs Principaux : Andy Samberg, Andre Braugher, Melissa Fumero, Stephanie Beatriz, Joe Lo Truglio, Terry Crews, Joel McKinnon Miller, Dirk Blocker, Marc Evan Jackson, John C. McGinley,
Genre : Sitcom, Polar
Note : 8/10
La huitième et dernière saison de Brooklyn 99 pointe son nez sur Netflix, et autant vous dire qu’elle ressemble aux autres, Il y’aura un grand « Heist », Doug Judy, les Boyles, du Holt/Kevin/Cheddar, de grands moments Scully/Hitchcock, Amy & Holt, Jake & Boyle, et même le Dr. Cox ! (John C. McGinley ne reprend pas sa blouse de Scrubs, mais il donnera du fil à retordre au 99 en chef du syndic de police). Ce programme qui pourrait tenir en un tweet suffira à convaincre les habitués du commissariat de Brooklyn qui a su nous convaincre qu’être flic pouvait aussi être marrant. Mais non, vous aurez quand même un article plus long.
Alors qu’une dernière saison de drama se doit de conclure ses arcs en apothéose, voire d’élever les saisons précédentes, une dernière saison de sitcom est avant tout synonyme de grands adieux. Les personnages ont presque tous complété leur arc et ils se dirigent vers une séparation, souvent pour un nouveau chapitre de leur vie. Le défilé des grands motifs de la série est donc un cadeau prévisible de la part des showrunners Michael Schur et Dan Goor (l’agent d’entretien du dernier épisode, c’est lui!) – qui jouent les prolongations depuis deux saisons suite à la première annulation du show par la Fox. Ou bien est-ce seulement une saison normale de Brooklyn 99 ? Construite sur une série de rituels se renouvelant tous les ans, la vie du commissariat ne pouvait se passer de se revisiter encore une fois. On pourrait dire une dernière fois, mais le panache de cette dernière fournée ne sent pas du tout les grands adieux. Les showrunners joueront même avec leur public pour leur faire humer des fins possibles, en désamorçant ensuite la situation jusque dans le double épisode final qui prend la forme d’un jeu pour la plus parfaite conclusion. La plus anti-dramatique et régressive des sitcoms de Michael Schur (The Office, Parks & Recreations, The Good Place) ne dérogera pas à la séparation rituelle – un ascenseur qui se ferme – mais elle la repoussera jusqu’au bout – pour finalement venir se troller dans une ultime scène.
Cette saison est pourtant la plus adulte qu’on pouvait espérer d’une série comme Brooklyn 99. L’éternel enfant Jake Peralta est devenu père, et cela modifiera grandement sa vision des choses. Mais il y’a eu depuis la saison 7 au moins deux évènements majeurs aux Etats-Unis. Le premier est la COVID 19, et il sera évacué en un épisode. Le second est la mort de George Floyd suite à son interpellation et les émeutes qui ont suivi. Un sujet difficile à aborder dans une sitcom, mais que Schur et Goor ont décidé de regarder dans les yeux. L’épisode d’ouverture de cette saison nous annonce donc le départ de Rosa, qui a décidé de ne plus être flic car elle ne croit plus dans le système qu’elle a servi. Jake tente de lui prouver que ce qu’elle pense est faux, mais il se méprend en ramenant une nouvelle fois à lui-même une question beaucoup plus complexe. L’épisode est un cheminement, autant pour le personnage que pour le spectateur pour faire prendre conscience de ce qu’est un racisme systémique. Il s’achève dans une gravité inhabituelle pour la série. Le fil rouge qui traverse cette saison 8 sera du côté de Peralta et de ceux qui sont restés, une occasion de prouver qu’on peut toujours changer les choses de l’intérieur, mais que cela implique des choix difficiles, beaucoup de travail et une responsabilisation constante.
En bonne sitcom, Brooklyn 99 se doit de dégager des ondes positives, de donner encore envie aux américains d’aimer leur police. Ne pas se détourner de l’actualité pour aborder LA grande question est très courageux, réussir à la traiter de façon intelligente et dans toute sa complexité (ce qu’échouent à faire les medias), sans oublier d’en rire, c’est un vrai jeu d’équilibriste. Cette saison est dans son écriture et dans son interprétation un vrai jeu d’équilibriste. Elle est brillante, car tout semble naturel. C’est pour cela que ce groupe d’acteurs et toute l’équipe qui a fignolé leurs personnages vont manquer. Ils manqueront d’autant plus qu’on se retrouve désormais sans aucune sitcom de Mike Schur en cours de diffusion. Et ça c’est un vrai crime !