Titanic 3D

Même s’il s’est fait doubler par Avatar : la Voie de l’eau, Titanic reste le 4ème plus gros succès de tous les temps au box office mondial. Il ressort en salles en 3D à l’occasion du 25ème anniversaire de sa première sortie française, le 7 janvier 1998. Qui a vécu cette sortie se souvient des files d’attentes interminables, du phénomène autour du film et du boost qu’il a été pour les carrières de de ses jeunes acteurs principaux. Difficile de se souvenir de ce qu’ils étaient avant le passage du raz de marée : Leonardo DiCaprio s’était fait remarquer dans Roméo + Juliette et Basketball Diaries; Kate Winslet avait fait une forte impression dans le rôle de la meurtrière Juliet Hulme dans le Heavenly Creatures de Peter Jackson et le Raisons et Sentiments d’Ang Lee. Mais il y’a des films qui en restent au stade du phénomène, puis s’éteignent. La ressortie de Titanic en 3D en avril 2012 put prouver qu’il avait toujours son public, et surtout qu’il fonctionnait toujours. La 3D venait de revenir en vogue avec Avatar. Elle regonflait l’aura du film, mais on se rendait compte – si ça n’avait pas déjà été fait en 1998 – à quel point il se tenait encore même sans cet artifice. Ses qualités se montraient encore plus évidentes avec ce nouveau visionnage, et le film grandit encore une nouvelle fois 2023 avec cette restauration 4K. En dépit de son histoire très simple et courue d’avance sur le papier, le film de James Cameron offre tout ce qu’on ne peut plus espérer d’un blockbuster. C’est une véritable leçon pour l’exploitation du plein potentiel d’un sujet.

Véritable drame historique croisant le drame humain, Titanic est aussi une oeuvre sociale complète. Les deux pivots de son récit sont la dé-considération des classes sociales les plus pauvres et l’absence de liberté de choix des femmes en 1912. Ces thèmes sont toujours plus ou moins pertinents, mais ils peuvent rejoindre d’une façon ou d’une autre l’expérience personnelle de chacun. La force de sa démonstration est de décrire ces barrières pour montrer des personnages qui osent s’en affranchir. Rose et Jack sont l’histoire non racontée, comme il y’en a eu un tas d’autres sur le RMS Titanic, et contre tout attente, une preuve que ce drame aura eu un effet bénéfique sur la vie d’une femme. A l’instar de Terminator 2 qui corrigea Terminator, James Cameron ne peut pas rester une note totalement négative. Il aime bien trop ses personnages pour cela, et le cinéma grand public n’est-il pas sensé donner de l’espoir ? Cette faculté de regarder en face l’horreur humaine qui découle d’un système social absurde tout en mettant en avant les femmes et les hommes est remarquable. Titanic a peut-être deux héros, mais il traite une grande partie de ses personnages secondaires avec le même soucis du détail, la même considération, la même empathie.

Au début du film, une scène montre les « chercheurs d’or » s’exciter sur une infographie qui montre l’aspect grandiose du naufrage, puis ils changent peu à peu d’attitude à mesure du récit. James Cameron s’est donné pour but de nous faire dépasser le cadre de l’évènement historique pour nous amener aux côtés de ceux qui l’ont vécu. Sans perdre le fil de son récit, il ne perd pas une occasion de varier les points de vue, de s’attarder en quelques plans sur des passagers, des membres de l’équipage, l’architecte, le capitaine, l’orchestre. Il ne perd pas non plus une occasion de souligner l’humanité de quelques uns au regard de la couardise des autres ou le sens des responsabilités de personnes qui savaient leur vie condamnée. L’immersion en temps réel dans le naufrage est impressionnante de par sa reconstitution et le suspens qu’elle installe sur un évènement dont on connaît déjà l’issue. On y ajoute le thème lancinant de James Horner, tantôt mélancolique et crépusculaire, tantôt lyrique. James Cameron déroule le tapis vers sa scène finale avec l’aisance de l’homme qui sait où il va et où il veut nous mener.

Titanic suit la tradition des films catastrophes des années 70, mais c’est la conjonction de cette richesse dans la multiplication des points de vue et cette faculté d’immersion par la réalisation (à peu d’exceptions près, les effets spéciaux tiennent toujours la route) qui parvient à le hisser à un niveau que le genre n’avait jamais atteint auparavant. Ce n’est pas un film à thèse, ni un divertissement consommable qui coche des cases pour attirer un public, mais une expérience unique. On pourra espérer que par cette nouvelle ressortie, de nouvelles générations tombent sous son charme et s’en inspirent pour sortir de cette époque noire pour les blockbusters.

Réalisation : James Cameron

Scénario : James Cameron

Directeur de la photographie : Russell Carpenter

Montage : Conrad Buff, James Cameron, Richard A. Harris

Musique : James Horner

Chef Décorateur : Peter Lamont

Direction Artistique : Martin Laing, Charles Dwight Lee

Casting : Mali Finn

Décoration de plateau : Michael Ford

Effets Spéciaux : Digital Domain, ILM, Robert Legato

Production : James Cameron, Pamela Easley, Al Giddings, Grant Hill, Jon Landau, Sharon Mann, Rae Sanchini

Pays : USA

Durée : 3h15

Sortie en salle le 8 janvier 1998. Ressortie en 3D le 4 avril 2012 et en 3D restauration 4K le 8 février 2023

Acteurs Principaux : Kate Winslet, Leonardo DiCaprio, Billy Zane, Frances Fisher, Danny Nucci, David Warner, Bernard Hill, Victor Garber, Kathy Bates, Bill Paxton, Suzy Amis, Mark Lindsay Chapman, Ewan Stewart, Lewis Abernathy, Jonathan Hyde, Eric Braeden, Jonathan Phillips, Ioan Gruffudd, Bernard Fox, Michael Ensign

Genre : Drame historique, Film Catastrophe

Note : 9,5/10

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