Scream (5)

Savez-vous ce qu’est un requel ? Je ne connaissais pas non plus ce terme avant la séance de Scream 5. Ce n’est pas un remake, contrairement à ce que son titre pourrait indiquer. D’ailleurs, depuis le début du XXIème siècle, on ne parle plus de remake, mais de reboot. Et comme tous les studios savent que les reboots de film d’horreur n’ont pas fait long feu et que Wes Craven les critiquait beaucoup dans Scream 4, il faut bien inventer un terme. Je vous vois venir. Ce n’est pas non plus un retcon, version cinématographique du déni qui raye une partie des dernières séquelles d’une franchise pour venir dans la continuité des premiers volets (Terminator : Dark Fate, qui a pris la place de Terminator 3, le soulèvement des machines). En fait un requel – contraction de remake et séquelle – c’est un peu tout ça en même temps. C’est un soft reboot qui a un lien avec le début d’une franchise – pour rassurer les fans – et qui prépare dans leur dos l’accession au pouvoir de la nouvelle génération. Le plus célèbre de ceux qui ont réussi est Le Réveil de la Force qui nous ramenait Harrison Ford pour le tuer au milieu du film, alors que les deux autres films préparaient la sortie des autres vieux. La série Scream était déjà un reboot et Scream 4 avait coupé l’herbe sous le pied d’un éventuel requel en contrecarrant les ambitions de successeure du personnage d’Emma Roberts. Qu’à cela ne tienne. Wes Craven est mort depuis six ans. C’est largement suffisant pour oublier ses dernières recommandations. Et SpyGlass Entertainment, qui a repris les droits de la franchise, le fait avec le sourire en lui dédiant le film.

« Mais il parle de tout sauf du film ». Peut-être parcequ’il n’y a pas grand chose à dire du film sinon que les nouveaux tueurs préparent un requel de Stab, le film fictif qui relatait les meurtres du premier Scream. Leur but est donc de trouver des jeunes qui ont un lien avec les héros de Scream et de faire revenir les personnages encore vivants (pour les tuer à petit feu, vous suivez). Ce requel est un peu bordélique et peu engageant, la faute à un scénario qui ne fait vraiment pas d’effort pour amener ces deux éléments. Scream commençait pourtant bien, avec l’histoire de Samantha et Tara Carpenter (!), deux soeurs rapprochées par le drame, campées avec justesse par Melissa Barrera et Jenna Ortega. David Arquette venait apporter sa science de vieux routard et donner enfin de la contenance à Dewey Riley. Posé et près de ses acteurs, le premier tiers entretenait l’illusion que nous avions à faire à un Scream plus mature, où le drame et l’angoisse avaient pris le pas sur le teen movie et le bodycount (c’était déjà le cas de Scream 3, mais de façon plus démonstrative).

Et nous apprenons tout à coup que l’héroïne est la fille cachée de Billy Loomis, puis que deux des personnages sont les neveux de Randy. Curieuses et bien pratiques coincidences qui rassemblent autant de victimes potentielles dans un seul groupe, sans que personne ne vienne s’en inquiéter – même après plusieurs meurtres commis par Ghostface. Pourquoi aucune de ces familles n’a quitté Woodsboro malgré les drames passés ? Comment cela se fait-il qu’aucun d’entre eux n’ait remarqué qu’un des leurs habitait le lieu du crime, y compris la plus grosse geek ciné du groupe ? Est-ce possible d’ignorer cela en Amérique, alors que des tourguides trimballent les touristes dans les lieux les plus glauques du pays? Et surtout, pourquoi Sidney est-elle revenue juste pour tabasser les deux neuneus, alors qu’elle avait enfin réussi à reconstruire sa vie avec mari et enfants ? A quoi Gale Weathers sert-elle ? En faisant abstraction de ces raccourcis gênants, on se trouve avec un film bien réalisé, qui sait faire monter l’angoisse dans sa première moitié et qui aurait pu faire un meilleur reboot que la série – s’il n’avait pas convoqué les précédents films. La deuxième partie en fait une pantalonnade qui se regarderait, à la rigueur pour terminer un marathon Scream, mais qui n’a vraiment pas la carrure pour reprendre le flambeau. On a pourtant aucun problème à penser que SpyGlass et le deuxième papa de Scream, Kevin Williamson (qui parvient à placer un extrait de sa série Dawson) feront rempiler les survivants dans de prochains volets, en supprimant les vieux restants.

« Bon si c’est pas la peine de le voir. Qui c’est les tueurs ? ». L’affiche a déjà vendu la mèche à moitié. Pour le reste, il faudra aller au plus évident. Il n’y a absolument aucune surprise.

Réalisation : Matt Bettinelli Olpin, Tyler Gillett

Scénario : James Vanderbilt, Guy Busick

Directeur de la Photographie : Brett Jutkiewicz

Montage : Michel Aller

Musique : Bryan Tyler

Chef Décorateur : Chad Keith

Direction Artistique : Jonathan Guggenheim

Production : Gary Barber, Cathy Konrad, Ron Lynch, Marianne Maddalena, Paul Neinstein, Peter Oillataguerre, William Sherak, James Vanderbilt, Chad Villella, Kevin Williamson

Pays : USA

Durée : 1h54

Sortie en salles le 12 janvier 2022

Acteurs Principaux : Melissa Barrera, Jenna Ortega, David Arquette, Neve Campbell, Courteney Cox, Marley Shelton, Jack Quaid, Dylan Minnette, Jasmin Savoy Browne, Mason Gooding, Kyle Gallner, Mikey Madison, Sonia Ammar

Genre : Néo-slasher, Drame

Note : 5/10

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